mercredi 2 septembre 2009

A propos du vote blanc


Au cours des rencontres de ces derniers jours, dans cette très/trop courte campagne, j'ai entendu la revendication que je connais bien : il faut reconnaître le vote blanc. Pourquoi pas ?

C'est une position citoyenne respectable, puisqu'elle accompagne le vote. Un vote en toute conscience, un vote sans doute éclairé.

Mais on ne peut manquer de s'interroger.
Pourquoi voter blanc ? parce qu'on rejette en bloc toutes les candidatures, tous les programmes, parce qu'on n'en trouve aucun à sa convenance, parce qu'on a un idéal auquel aucune proposition ne convient...

Pour quoi voter blanc ? pour un objectif qui n'est pas défini, pas expliqué, que le votant reste seul à connaître dans l'isoloir... pour rester en dehors du choix collectif..

Quelle différence alors avec le vote "nul" conscient ? lorsque les bulletins sont dépouillés, il est autrement parlant de découvrir un nom rayé, un bulletin de vote (choisi) déchiré, un qualificatif (pas forcément une injure), un commentaire. Pourquoi les bulletins blancs seraient-ils plus légitimement reconnus ?

Il serait sans doute intéressant d'analyser le contenu de ces votes commentés - à la différence des votes nuls d'autrefois (dus à l'ignorance, à l'lllettrisme, etc).
Mais un bulletin nul n'est pas retenu dans les suffrages exprimés, car il laisse planer un doute sur son intention. La loi sanctionne le vote sous influence : il ne faudrait pas que le votant se fasse reconnaître pour obtenir une récompense à son vote, après la promesse clientéliste d'un des candidats.
Le bulletin blanc échappe à ce soupçon : le rectangle de papier au format du bulletin est parfaitement neutre. Au point que certains demandent à le voir figurer officiellement parmi les bulletins proposés par l'État sur la table d'accueil.

Tout cela est vrai et juste.
Mais réfléchissons à l'objectif : que le vote soit oui/non (dans un référendum), ou le choix entre des personnes, que gagne le vote blanc ?

La satisfaction hautaine de ne pas avoir participé à un choix "indigne" ?
Poussons le raisonnement à l'absurde : 99 % de votes blancs.
C'est quand même le premier à obtenir la majorité du 1 % des suffrages exprimés qui aurait remporté l'élection. Et ce peut être le plus détestable...
Les 99 % peuvent-ils s'en laver les mains ?

Comment ne pas trouver une possiibilité de choix parmi 8 candidat-e-s, comme c'est le cas pour cette élection ?

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1 commentaire:

  1. Madame Pelissolo,

    Nous avons goûté votre prise de position sur le vote blanc. Normal, nous sommes membres de l'Association pour la reconnaissance du vote blanc. Pour ma part, j'y ai trouvé beaucoup de finesse. Vous ne fustigez pas celui qui vote blanc; en période de campagne électorale, il ne faut fâcher personne. Vous dites juste que ça ne sert à rien. Aujourd'hui à rien, sinon à voter en bonne conscience, non pas en acceptant toutes les pirouettes des prétendants au pompon. Le vote utile est à la mode, mais certains citoyens refusent encore de rabaisser la démocratie à ceci. Si le candidat qui défend leurs idées est de qualité, si son parti a été fidèle à ses engagements, s'il sait défendre ses convictions jusqu'au bout, l'électeur votera pour lui, pas de problème. Sinon, il dit son mécontentement, que son vote n'est pas acquis d'office à quelqu'un.
    Il faudrait donc que le vote blanc soit comptabilisé avec les suffrages exprimés. Si le nombre d'ékecteurs déçus devait être élevé, on referait l'élection avec d'autres candidats. Et pas question de nous dire que la démocratie ne peut pas attendre, qu'il lui faut un siège rempli tout de suite. Non. La démocratie a besoin de qualité.
    Et s'il y avait 99% de bulletins blancs (mon Dieu !). Ceux qui s'opposent au vote blanc diront qu'il faut quand même désigner un vainqueur et ne pas tenir compte de ce que disent réellement les urnes. Ca nous paraît irresponsable. Veuillez lire le livre du prix Nobel Saramago "La lucidité". Il répond à votre inquiétude.

    Quand on est socialiste, on veut donner plus de pouvoir au peuple. Or, lui interdire de voter comme il l'entend en lui supprimant certains bulletins, c'est le considérer comme un incompétent, qui doit être guidé par ceux qui savent. Ce n'est pas une vision d'avenir, après plus de cent d'école de Jules Ferry. Celui qui vote en écrivant quelque chose sur son bulletin pourrait être victime de pressions. Mais pas ceux qui votent en masse depuis longtemps pour le même candidat au Grand-Quevilly...
    Huit candidats ça devrait suffire ! On compte parfois jusqu'à 24 candidats. Et pourtant. Si on est déçu par son camp, pourquoi serait-on obligé de voter pour quelqu'un que l'on ne soutient pas pour le dire ?
    Quand je vous parlais d'électeur pour qui le mot conscience a un sens, ça existe encore.

    Si vous êtes élue vous ne défendrez sûrement pas le vote blanc. Mais je tenais à vous dire ces quelques mots.

    Olivier Durand
    http://www.vote-blanc.org

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